Musique
Distribution
Camille Saglio : chant, oud, n’goni, composition
Madeleine Cazenave : piano, composition
Xavier Pourcher : claviers, machines
Gurvan L’Helgoualc’h : basse, batterie
Présentation
Musique sensible aérienne, ivre de liberté, Azadi souffle d’une voix si singulière, presque hypnotique un langage universel. Azadi invite à explorer les grands espaces où parfois le cinéma ou Thomas Sankara prennent la parole…
Né d’une lumineuse rencontre artistique entre Camille Saglio et Madeleine Cazenave en 2016, Azadi offre sur le fil ou dans les profondeurs au son du piano, du oud, du n’goni, un voyage flirtant sur les rives de contrées inexplorées. Depuis novembre 2018, Azadi a décidé d’ouvrir plus grand ses ailes et accueille, pour une version quartet, deux musiciens de plus, Gurvan L’Helgoualc’h à la basse, batterie, et Xavier Pourcher aux claviers et machines.
Presse
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Par Michel Clavel.A l’instar de son frère Matthieu – notre cher ami violoncelliste – pour lequel il est venu poser son incroyable voix de haute-contre sur les derniers disques-, le chanteur (mais aussi oudiste) Camille Saglio est particulièrement imprégné des musiques du monde, notamment orientales. De sa rencontre en 2016 avec la pianiste Madeleine Cazenave (trio Rouge ; voir ici) est né dans la foulée le quartet Azadi qui en kurde signifie Liberté, avec Xavier Pourcher aux claviers et à la clarinette, et Gurvan L’Helgoualc’h à la basse et à la batterie.
C’est cette liberté qui s’exprime dans ce CD «Les Orbes» où l’on se laisse transporter dans un Orient imaginaire et très onirique, croisant le mélisme du chant arabe, le jazz, l’électro, le baroque et le classique, dans des compos nimbées de spiritualité et menant à la transcendance.
Il y a en effet une dimension quasi religieuse, en tout cas mystique, dans le fond de certains titres, à commencer par le bien nommé Incantation en ouverture, mêlant sur huit minutes la voix hors-norme de l’angélique Camille au piano assombri de Madeleine Cazenave, rappelant certaines productions des nineties qui initiaient pour la première fois ce mélange baroco-synthétique «new-age». Il y a toujours cette gravité énigmatique dans le son profond de la clarinette basse jouée dans Sous la Raïna qui suit et sa mélodie orientalisante qui a la langueur d’une saudade. On a d’évidence un gros coup de cœur pour 39e Sessionoù, passé un extrait du discours de Thomas Sankara tenu en 1984 à l’ONU à propos du Burkina-Faso ( déjà sur «Voices» de Matthieu Saglio on entendait sur Madiba un long sample de Mandela, voir ici), surgit avec bonheur la trompette invitée d’Erik Truffaz pour un chorus stratosphérique comme il en a le secret, après que le morceau ait soudainement pris un virage electro-groove du meilleur effet sous le tempo imposé par Gurvan L’Helgouac’h.
Clairement oriental, l’explicite Dune nous envoûte entre l’ostinato entêtant du piano, oud et percussions, avant une reprise de Con toda palabra de Lhasa de Sela (merveilleuse chanteuse emportée par un cancer en 2010 à seulement trente-sept ans), empreinte de tristesse et où le piano s’apparente à une marche funèbre, dérivant dans une atmosphère planante vers de grands espaces ouverts à une profonde plénitude qui nous emmènent loin. Restant dans des tourneries orientalisantes avec une rythmique obsédante, Atish Bazi redonne un peu de vigueur au quartet avec le chant puissant de Camille et son vibrato sous effet, précédant une Berceuse afro-folk en conclusion mariant piano, cordes du n’goni joué par Camille et son chant baroque, qui vient apaiser telle une caresse ce passage un brin éreintant.